Crédits: aizuki /
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010925
Cette chimère albinos a été créée par Aleksandar Zah. Elle est issue de tout un bestiaire généré par intelligence artificielle. Si cette image est plus troublante que les autres, c’est que son cadrage est plus resserré, sa composition plus minimale, son réalisme exacerbé grâce au travail colorimétrique et à la finesse des textures. Au centre de cet amas de peau rosâtre, un œil nous fixe.
Dans son ouvrage Toutes les intelligences du monde, publié en 2022, le britannique James Bridle explique combien notre vision de l’intelligence artificielle se calque sur notre conception — erronée — du monde animal. Historiquement, l’espèce humaine a toujours considéré la nature comme un environnement dangereux, qu’il fallait dompter à tout prix. Pour la faune, elle a donc établi une taxonomie à trois niveaux: les animaux dits de compagnie, le bétail et les bêtes sauvages.
Bridle montre que cette classification s’applique parfaitement aux types d’IA créées jusqu’ici: des machines domestiques qui nous tiennent compagnie, des machines productives, qu’on élève dans des entrepôts, et puis ces fameuses IA sauvages, dont on redoute l’existence, et plus encore l’évasion. Tapis au fin fond de la jungle digitale, peut-être nous observent-elles déjà, patiemment, prêtes à bondir et à prendre la suite.